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Pourquoi se préparer à la guerre est également important pour la paix

La guerre ne fait pas seulement des ravages en Ukraine. Ses effets se font sentir bien au-delà des frontières de l’Europe. Sur le plan militaire, la guerre en Ukraine a révélé de multiples défaillances : « Les gouvernements du monde entier, l’OTAN et nous-mêmes, dans notre secteur, observons et analysons attentivement les stratégies et les dynamiques qui se font jour en Ukraine. Car dans chaque crise, il s’agit aussi de tirer des enseignements – pour sa propre sécurité mais aussi pour d’autres conflits », explique Fredrik Hassel, Senior Public Affairs Advisor chez Saab. À ses yeux, il est d’ores et déjà possible de tirer de nombreux enseignements. Et ce, de la posture de retenue dans la politique d’armement ces dernières années, de l’efficacité des systèmes d’armes modernes, mais aussi de la volonté d’un peuple qui se bat avec une force inouïe pour rester libre.

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La fin de la guerre en Ukraine n’est toujours pas en vue et partout dans le monde, les experts préfèrent ne pas se risquer à faire des pronostics. Une prudence qui s’explique entre autres par les nombreuses questions qu’a suscitées, et continuer à susciter, la stratégie déployée par la Russie au cours de ces douze premiers mois de guerre. Citons par exemple la question de savoir pourquoi la Russie n’a pas tiré parti jusqu’à présent de sa supériorité aérienne. S’agit-il de l’incapacité d’agir de manière unie, ou d’une décision motivée par d’autres considérations ? « Lorsque l’on se penche sur le passé, cela paraît très étonnant. Les forces aériennes ont déjà joué un rôle important lors de la seconde guerre mondiale. Par exemple en Normandie. Il en va de même en Irak, où les États-Unis ont conquis l’espace aérien en quelques heures et ont pu ensuite sortir vainqueurs de toutes les attaques menées », raconte Fredrik Hassel. Il apparaît d’ores et déjà que la Russie sera à l’avenir un ennemi différent auquel l’Occident devra s’adapter : « Avant la guerre froide, la Russie était une superpuissance. Après la guerre froide, la Russie est tout de même restée très puissante au niveau régional et elle avait par ailleurs un gigantesque arsenal d’armes de destruction massive. Et aujourd’hui, la Russie devient un État voyou, avec des armes de destruction massive et des cybercapacités. »

La question de savoir si la Russie ou l’Ukraine sort vainqueur de la guerre dépend en tout cas des paramètres définis pour cela. « On entend dire que la Russie vend déjà des cartes géographiques avec de nouvelles frontières nationales. Cela pourrait signifier que ce sont les territoires actuellement occupés qui intéressent Vladimir Putin. » Quoi qu’il en soit, Fredrik Hassel et d’autres experts estiment qu’une conquête de l’Ukraine dans son intégralité ne serait pas réaliste. L’occupation permanente d’un territoire serait en revanche envisageable, même si le prix à payer pour cela serait très élevé en termes de victimes. Seul le temps permettra de savoir si l’Ukraine est capable d’une riposte sur le long terme. Par ailleurs, le soutien international dont elle bénéficie restera d’une importance déterminante pour elle.

La guerre peut-elle renforcer l’OTAN et l’UE ?

La guerre d’agression russe a surpris l’Occident. « Et ce, bien que des pays d’Europe de l’Est aient déjà mis en garde contre la brutalité et l’absence de scrupules de Putin. Des pays comme l’Allemagne la France, la Suède, le Danemark ou l’Espagne ont pourtant ignoré les avertissements. Jusqu’au bout, ils ont pensé pouvoir intégrer la Russie à notre modèle social occidental », affirme Hassel. L’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 avait déjà remis en question la souveraineté et l’intégrité territoriale des États. L’escalade du conflit en 2022 fait maintenant naître la crainte de voir apparaître des conflits similaires dans d’autres parties de l’Europe ou du monde si la communauté internationale n’est pas en mesure de protéger efficacement les États et d’envoyer un signal clair aux pays agresseurs.

C’est seulement en conjuguant leurs efforts que les États-Unis, l’OTAN et l’UE sont parvenus à renforcer la pression sur la Russie au cours des derniers mois. Les alliances prennent donc une importance croissante. La guerre a donné le jour à une collaboration militaire d’envergure internationale encore inédite jusqu’à présent, ainsi qu’à une montée en puissance de l’OTAN. La Finlande et la Suède ont entamé conjointement la procédure d’adhésion à l’alliance militaire, tandis que l’Allemagne a considérablement augmenté son budget d’armement. « La Finlande, voisine directe, et la Suède, base logistique idéale, offrent à l’OTAN de toute nouvelles possibilités pour assurer la protection et la défense des États baltes au sens conventionnel du terme. » Une évolution que Vladimir Putin n’avait sans doute pas prévue.

Sans les armes et les munitions fournies par l’UE, les États-Unis et les pays membres de l’OTAN, la situation en Ukraine ne serait certainement pas la même aujourd’hui. « C’est la triste vérité. Il a manifestement fallu une guerre pour réveiller l’Europe et renforcer la communauté internationale », affirme Fredrik Hassel, Senior Public Affairs Advisor chez Saab. Une fois de plus, l’UE constate l’importance d’une politique extérieure commune et réalise qu’elle ne peut négliger la politique de défense et d’armement. Les défaillances en la matière ont été de taille ces dernières années. Ce n’est que récemment que des eurodéputés ont invité l’UE à faire usage des dispositions du traité de l’Union européenne permettant au Conseil de prendre certaines décisions sans répercussions militaires à la majorité qualifiée, et non à l’unanimité, notamment en matière de sanctions et de droits de l’homme. En outre, les instituons de l’UE sont invitées à soumettre une proposition en vue d’obtenir et de garantir un siège permanent pour l’UE au sein de tous les organes multilatéraux, y compris au Conseil de sécurité de l’ONU.

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Pas de défense possible sans armes

L’OTAN, en particulier, devra dans les années à venir s’atteler à une tâche complexe : inciter ses États membres à augmenter leur budget de défense pour renforcer leurs capacités militaires. Il s’agit en effet du seul moyen de réagir à des menaces et de garantir un effet dissuasif crédible. Conformément à leur engagement commun, les États membres de l’OTAN doivent en effet être en mesure d’assurer à la fois leur propre protection et celle des autres. Or, la mise en œuvre de cet engagement pourrait, selon Hassel, tourner au défi. Car jusqu’à présent, la priorité a plutôt été donnée à la recherche et au développement : « Nous voyons actuellement des goulets d’étranglement dans de nombreux domaines. Tout comme l’OTAN, l’UE devra discuter des possibilités d’assurer à l’avenir, en temps de paix, les capacités de production nécessaires pour être littéralement bien armée en cas de conflits. »

Il est également nécessaire de travailler à la compatibilité des systèmes. Une nécessité clairement illustrée par l’exemple de l’Ukraine, où les armes et les munitions proviennent de différents fabricants et des pays les plus variés. « L’avenir réside dans des coopérations d’un type nouveau qui jettent un pont entre les pays et les secteurs. Et je suis convaincu que cela nous rendra plus forts. » Chez Saab, la polyvalence des systèmes ainsi que la possibilité de les perfectionner et les adapter constamment ont toujours constitué des critères essentiels dans le cadre du développement. C’est notamment pour cette raison que Fredrik Hassel voit dans le renforcement du dialogue et des échanges entre les acteurs du secteur une évolution qui va dans le bon sens, malgré la guerre tragique.

La rapidité joue toujours un rôle important lors de conflits. Dans le cas de l’Ukraine, ceci est également valable à un autre niveau. Car les Ukrainiens ne connaissent pas tous les systèmes d’armes qui leur sont fournis. Impossible, toutefois, de prendre le temps d’organiser des formations et des entraînements poussés. « J’ai beaucoup de respect et d’estime pour les combattants ukrainiens. Ils parviennent à utiliser efficacement et entretenir des armes parfois nouvelles, et à atteindre un impact important grâce à une logistique intelligente. Et rares sont les peuples qui se sont protégés eux-mêmes et leur pays avec autant de détermination, sans reculer même face à des attaques brutales. »

GLSDB

Les drones sans pilote et les armes antichar font leurs preuves

Si les combats en Ukraine se déroulent principalement avec des armes conventionnelles, des cyberattaques surviennent aussi régulièrement. Les véhicules et drones sans pilote interviennent avec succès pour la première fois et sont utilisés par les deux camps. Malgré leur faible force d’impact, les minidrones bon marché sont eux aussi devenus une arme de guerre importante.

Les armes antichar, et notamment le modèle Saab NLAW (Next Generation Light Anti-Tank Weapon), se sont révélées particulièrement efficaces durant les combats en Ukraine. L’armée britannique en a fourni plusieurs milliers à l’Ukraine et a déjà passé une nouvelle grosse commande de NLAW. Par ailleurs, le gouvernement américain a annoncé son intention de livrer la GLSDB (Ground-Launched Small Diameter Bomb) à l'Ukraine. Ce système est en cours de développement depuis 2014 sur lequel Saab travaille en coopération avec Boeing. Utilisable par tous les temps, le système comporte une ogive dotée de petites ailes repliables qui lui permettent de planer sur plus de 100 km après lancement depuis un aéronef (et même jusqu’à 150 km depuis le sol), et d’atteindre des cibles d’un mètre seulement de diamètre. Le système pourrait permettre à l’Ukraine d’atteindre des cibles militaires précieuses hors de portée jusqu’à présent. Il pourrait ainsi aider l’Ukraine à poursuivre ses contre-attaques en perturbant les zones arrière russes.

Selon les services secrets britanniques, les armes de Saab sont jusqu’à présent d’une très grande efficacité dans la guerre contre la Russie. Interrogé à ce sujet dans le cadre de la 21e Conférence de Munich sur la sécurité, le CEO de Saab, Micael Johansson, déclare : « Je ne suis pas surpris d’entendre cela. Le fait qu’il soit nécessaire d’utiliser nos armes est bien sûr tragique. Mais lorsque la situation l’exige, elles doivent être efficaces et remplir leur fonction. Telle est notre ambition fondamentale. »

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L’Ukraine, un exemple pour d’autres ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les médias ont relégué au second plan les autres foyers de crise dans le monde, tels que le conflit bouillonnant entre la Chine et Taïwan ou encore le Proche-Orient. Ici, l’Ukraine pourrait cependant faire office d’exemple sur plusieurs plans et avoir une influence aussi bien sur les parties au conflit que sur les pays leur apportant leur soutien. « Les États-Unis espèrent que leur aide en Ukraine leur vaudra par exemple le soutien de l’Europe en cas d’escalade avec la Chine », explique Hassel.

Toutefois, celui-ci met en garde contre des comparaisons abusives de ces conflits : « Combattre la Russie en Ukraine et combattre la Chine sont des choses totalement différentes. Alors que l’Ukraine se concentre sur les combats au sol, ce sont plutôt les forces aériennes et navales qui joueront un rôle clé en cas d’escalade entre la Chine et Taïwan. La Chine est par ailleurs un État à la pointe de la technologie. Dans certains domaines, il est possible qu’elle soit supérieure à l’Occident sur le plan technologique. » Il s’agirait plutôt de s’appuyer sur la force de la communauté internationale pour envoyer un signal clair à la Chine. « La résistance du peuple ukrainien pourrait en tout cas servir d’exemple à Taïwan pour gagner encore en assurance et miser encore davantage sur des alliés afin d’intimider la Chine. » La Chine tire-t-elle aussi les enseignements de la guerre et constate-t-elle qu’il n’est pas si simple de conquérir militairement un pays même si l’on est apparemment plus puissant que lui ? Hassel préfère ne pas s’y fier.

La paix a un prix

Le conflit actuel nous fait prendre conscience que la paix ne va pas de soi, et que les États doivent se préparer à l’éventualité d’une guerre pour pouvoir assurer leur propre défense. La guerre en Ukraine montre qu’une défense militaire faible constitue un facteur d’incitation pour les agresseurs. Pour les pays de petite superficie et peu puissants, il est donc particulièrement important d’avoir à disposition des capacités de défense suffisantes pour se protéger d’éventuelles attaques. « Les États d’Europe de l’Est se débarrassent actuellement de tous les stocks soviétiques, qu’ils devront remplacer dans les années à venir par des armes occidentales modernes. Et la Russie va également réaliser qu’elle n’a plus la puissance qui avait conduit à la victoire sur les nazis durant la seconde guerre mondiale. Ses méthodes de guerre vont changer, et l’Occident doit également se préparer à s’adapter à cette évolution », déclare en résumé Fredrik Hassel, Senior Public Affairs Advisor chez Saab.

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